Tour de l’Oisans Non Stop

27/28/29  juillet 2007 Le Bourg d'Oisans 37h35mn



Chiffres

  • Distance : 180km
  • Dénivelé positif : 12000 m
  • 14 cols traversés
  • Altitude max : 2761 (col de l’Aup Martin)
  • Altitude moyenne : 1887m
  • Plus longue montée : 18 km 1731m Vallouise - Col de l’Aup Martin
  • Plus longue descente : 20km 1576 m de descente Col de Vallonpierre - Villard Loubières
  • Plus raide montée : 500m à 41% Col de la Muzelle
  • Plus raide descente : 1272m à 30% Col de la Vaurze


L'Equipe

  • Séverine, ma chérie qui me supporte au quotidien….
  • Sébastien (Seb de Besac) une vraie pile électrique mais surtout un conteur hors pair, élevé au Comté et à l’Arbois.
  • Capucine sa copine qui le supporte, quelle courage!
  • Vince, la force tranquille, fidèle compagnon d’entraînement Belledonnien.
  • Jeff  un gros mental, son principal problème ne tient pas l’alcool, même pas une bière après avoir couru, c’est pour dire !   
  • Anne Claude qui a découvert la course à pieds cette année et qui envisage de s’attaquer au record du tour de la Table.
  • Jérôme, (Jéjé,)  un potentiel d’énergie et de conneries inépuisable, celui qui m’a embrigadé  dans l’utratrail, merci !
  • Stéphane le distillateur de poire à Villette de Vienne, mon attaché de presse. 
  • Séb d'Orthez, excusé pour cause de déménagement, mon nutritionniste personnel.
  • Tom de Pau, excusé pour cause de chassé-croisé bisous futé, adore courir mais pas trop, préfère  le surf  et la moto.

Tous ce petit monde m'a suivi sur ce tour complet, certains même ont fait un bon bout de chemin avec moi. Pour eux aussi ca été deux nuits blanches et pas mal de kilomètres! 

Photos





Récit

Le Tour de l’Oisans Non Stop ou l'Ultra Tour de l'Oisans


C’est quoi cette course, Jamais entendu parler ? Normal, ce n’est pas une course. Un défi personnel mais finalement pas que. L’idée, est simple, un périple au tour de l’Oisans, non stop avec assistance. Le lieu, le GR54 ou Tour de l’Oisans, en résumé c’est officiellement 200km pour 12000m D+. Un parcours exceptionnel au cœur du massif des Ecrins, le caractère alpin, la distance et le dénivelé en font l’un des plus difficiles avec le GR20 en Corse. L’objectif est de terminer et de faire mieux que le record de Laurent Smagghe et Philipe Delachenal qui ont bouclés ce tour en un peu plus de 41h. en 1991, respect. Après une année de doutes et de préparation, vendredi 27 Juillet à 20h au Bourg d’Oisans, c’est l’heure du départ, sur la place, tout le monde est là. Pour cette aventure je suis épaulé par une équipe de choc, à savoir 7 amis, surmotivées, sur qui je pourrai compter sur les 12 points de ravitaillements prévus, plus les amis et parents qui me soutiennent à distance. 

Bourg d’Oisans – Besse – vendredi 27 – 22h 20h

c’est partie, accompagné de toute l’équipe nous traversons la ville, une vraie parade, banderoles, bigophone ! A la sortie de la ville, mon staff prend la direction du premier ravito. Encore quelques hectomètre de route, puis commence la première montée. Un joli sentier bien raide, un câble est en place pour le passage sur les dalles. Je suis soulagé de partir. La pression des derniers jours redescend doucement. J’avais une certaine appréhension à partir. Au niveau professionnel la période était assez chargée, du coup ma préparation n’est pas telle que je l’aurais souhaité. Là maintenant, plus de retour arrière, je suis serein et surmotivé. Avec une énorme envie de me faire plaisir et surtout de ne pas décevoir mes amis qui me soutiennent. La pente s’adoucit enfin à l’approche du hameau de Pont Rosay. Depuis le début, j'essaye de contenir mon énergie. Je sais que je suis parti assez vite, mais après deux semaines sans courir, j’ai besoins de me rassurer. La suite est très agréable, en particulier pour rejoindre le vallon de Sarrenne. Je trottine sur la large piste qui monte au col, 2h que je cours, j’ai de bonnes sensations, je suis rassuré, la nuit tombe doucement. Dans la descente, je distingue une voiture en contre bas. Il s’agit de l’équipe de Benoit Laval qui est venu des Deux Alpes (départ du défi de l’Oisans) et avec qui j’ai rendez pour faire un bout de chemin. Je les attends. Une fois les présentations faites, pendant qu’ils se changent, je commence la descente. Un vrai plaisir ces lacets serrés, tout en glissade. En bas je traverse les deux Clavans. Benoit Laval et Loic Blondeau me rattrapent au niveau du lieu-dit le Moulin, nous faisons la montée vers Besse ensemble. On papote course à pieds évidement. Grosse ambiance à Besse, tout le monde m’encourage, ça fait vraiment plaisir, j’ai la banane. Je change de chaussure et mange deux trois bricoles. 

Besse - La Grave

Je ne connais pas la suite du parcours, je glane quelques infos auprès de Benoit avant de repartir. Je les remercie d’être venus m’encourager, j’aurais encore bien fait quelques kilomètres en leur compagnie. Un large sentier m’emmène rapidement vers le plateau d’Emparis. Sur le plateau, le sentier sillonne l’alpage, seul quelques vaches me dévisagent. Je trottine doucement, une crampe au mollet semble pointer son nez. Au col du Souchet, la lune pleine illumine la Meije et les montagnes alentours. J’éteins ma frontale. Je m’allonge dans l’herbe fraiche et savoure le moment. Je resterai bien encore un peu. J’entreprends la descente sur le Chazelet. Je brésaille un peu pour trouver le bon chemin. Finalement je tire tout droit sans me poser de question. Arrivée à la Grave mon assistance m’accueille, en pleine forme, je ne reste pas très longtemps, je mange un bout et repars. 

La Grave – Monétier

Vince m'ouvre le chemin pour sortir de la ville, à une bifurcation, le doute s’installe, il continue tout droit voir la suite. Je m’arrête et sors la carte pour m’assurer du chemin, il n’y pas plus de trace de GR. J’en profite pour faire un arrêt au stand. Je prends un autre chemin qui longe le torrent. Je retrouve le GR quelques mètres plus loin. Je recroise Vince un peu plus loin, je lui donne rendez-vous au prochain ravito. Je suis obligé de ressortir plusieurs fois la carte pour m’assurer que je suis sur le bon chemin, pas évident dans la nuit d’apercevoir les marques, un peu espacé dans ce coin. Une fois quitté les zones d’alpages, un jolie sentier en forêt, me mène jusqu’à Villard d’Arène. Ensuite le sentier longe le torrent jusqu’au pont d’Arsine. L’atmosphère s’est rafraichie, je fais une pause express au ravito. On regarde le tableau prévisionnel, je suis toujours en avance. Je suis assez serein, même si mes sensations se dégradent un peu trop rapidement. Le Col d’Arsine est atteint tranquillement sous l’œil de la montagne des Agneaux. Je commence à avoir sérieusement mal aux adducteurs. Je paye mon départ trop rapide. La descente sur le Monétier est un vrai calvaire, je me fais chahuter dans tous les sens. Je commence à râler et à souffler comme un bœuf, c'est pas bon signe. Au Casset, je traverse le hameau à la recherche des copains. Je ne vois personne. Je me dis qu’ils doivent m’attendre plus loin, je poursuis. Avant Monétier, je prends un mauvais chemin et faisun détour qui m’oblige à une coupe à travers champ. Arrivée en ville toujours pas de copains, je commence à m'inquiéter, je passe un coup de téléphone. Ils m’attendaient au Casset, mais nous nous sommes ratés. En quelques minutes ils déboulent, je fais le plein et repars. Le jour se lève. 

Monétier – Entre les Aygues

Sous ses faux airs de bon sentier, la montée du col de l’Eychauda est très raide, trop ! Elle me fait mal aux jambes et au moral. A la sortie de la forêt je surprends un chevreuil qui fuit en émettant des bruits bizarres, je me demande si je n’hallucine pas ? Mes adducteurs vont mieux, par contre maintenant se sont mes cuisses qui commencent à morfler. Je râle tout seul assis au milieu de la piste à essayer de faire passer ces pu... de crampes. J’arrive enfin au col. J’ai toujours de l’avance sur mes prévisions. Je décide d’attaquer un peu dans la descente, de toute façon cramer pour cramer autant s'amuser. Chambran, l’équipe dort, j'annonce mon arrivée en 2 secondes ils sont levés, au petit soin avec moi, la classe. J’apprécie cette pause, j’ai fait une bonne partie du parcours maintenant. C’est un de moment clé du parcours, assez pour jauger de mon état de forme et me rassurer. Je sais que ca va le faire même si j’ai mal aux jambes, le moral et la motivation sont bien présents. La descente sur Vallouise passe toute seule. Au village je m’octroie une petite halte puis c’est reparti pour l’interminable montée de la route des Bans. La chaleur est au rendez vous. Je redoute cette portion en faux plat montant et j’ai raison dès le premiers mètres je suis scotché au sol, j’ai l’impression de trainer deux enclumes. Je ne peux plus courir dès que ça monte. J’arrive sur le parking d’Entre les Aygues totalement défait, hypo complète ! 

Entre le Aygues- Pré de la Chaumette

Grosse pause obligée ! 15 heures que je cours, je suis à la moitié du parcours et pas en grande forme. Depuis le début j’ai quasiment rien mangé, et surtout pas assez régulièrement. Je suis en train de le payer ! Du coup j’ai du mal à ingurgiter le sucré, et les pâtes passent difficilement. Rajouté la dessus une méchante envie dormir, je dois me mettre un méchant coup pieds aux fesses pour redécoller. La montée de col de l’Aup Martin, est une des plus longue montée de ce tour, mais une fois avalée, j’aurais quasiment fait le plus dur. Seb décide de m’accompagner jusqu’au refuge du Pré de la Chaumette. Jeff lui est parti 1 heure plutôt rejoindre les filles au refuge. Dans le long vallon qui mène au col, le soleil cogne fort, d’habitude j’aime plutôt la chaleur mais là je ramasse grave ! A chaque torrent, je plonge ma casquette pour essayer de me rafraichir. J’alterne péniblement course et marche jusqu'à pieds du col. La montée débute par un sentier plutôt bien tracé, la montée régulière me permet de garder un bon rythme. Mais plus on avance plus le sentier devient raide, Le final du col est peut être l’endroit le plus emblématique de ce tour avec le col de la Muzelle, un grand cirque de lauze noire, et un sentier ‘technique’. Je me mets gros taquet pour en sortir. Au col plusieurs randonneurs profitent du paysage, je m’arrête quelques minutes aussi, je suis cuits archi cuit. Le col des Cavales est rejoint plus facilement. Mes jambes vont un peu mieux, j’en profite pour dévaler dans la descente, Seb derrière s’accroche. Au refuge je retrouve les filles (Sev, AnneC et Capucine) qui ont dormi au col d’Ornon la nuit d’avant. Pendant ce temps les gars ont eu le temps de se rendre tranquillement dans le Valgaudemar. Je me couche dans l’herbe à l’ombre, j’ai du mal à manger et le goût de la boisson énergétique incrusté dans la poche à eau me dégoute. Je m’enfile trois double Tuc-Vache qui Rit ©. 

Refuge du Pré de la Chaumette – Le Playne 

Je repars du refuge avec Jeff et Capucine. Rapidement Capucine disparait devant nous, elle trace la gamine, une demie heure plus tard, Jeff pli sous les crampes, je suis obligé l’abandonner. Cette partie est surement l’une des plus belles du tour, avec l’enchainement des trois cols. Le sentier est très bien tracé, c’est du caviar. Les trois cols sont enchainés en 2 h, je connais bien la descente du refuge de Vallonpierre et je m’en méfie. Elle est longue et cassante. Je décide de descendre tranquillement et de garder du jus pour le fond du Valgaudemar. Dans la vallée, le sentier longe la route située juste au dessus. Le rendez-vous avec l’assistance n’a pas été fixé précisément, du coup je ne sais pas où ils se sont postés. Je scrute régulièrement la route, j’ai peur de les rater. Le chemin est roulant mais j’ai du mal à relancer, j’ai l’impression de ne pas avancer. Je commence à trouver le temps long et en plus je psychote de ne pas avoir encore vu mon assistance. Finalement un bout papier crayonné m’indique le ravito, 10 m au dessus, je suis soulagé. Grosse pause, balles neuves, assiettes de pâtes, double Tuc-Vache qui rit ©. Je me force à manger mais sans grand résultat. Je suis au bout du rouleau, plus rien ne passe mise à part l’eau gazeuse. Mon état commence à faire souci. Mais heureusement la motivation est intacte, je sais que je peux aller au bout. Paradoxalement malgré la douleur je me fais plaisir : météo, paysages, amis, difficiles de faire mieux. 

Le Playne - Villard Loubière

Encore une étape que je ne connais pas. Je m’attendais à suivre un sentier plat voir légèrement descendant. Que dalle ! C’est une succession de montées et descentes qui me brisent le moral plus que les pattes. Je peste à chaque fois que le sentier se redresse. Un comble, à la Chapelle je suis soulagé de trouver du bitume, c’est pour dire toute ma détresse ! Je peux enfin courir, pas très vite, néanmoins cela me fait du bien au moral. Par contre, j’ai le ventre en vrac, ca comme à devenir critique. Je puisse dans les réserves depuis plusieurs heures. Si je ne trouve pas une solution ca va être difficile de poursuive sans carburant. Du coup j’essaye de m’imaginer ce dont j’aurais envie de manger, et là c’est le déclic, la révélation. J’ai envie de purée, ouais de la purée mon pote ! A la sortie du village, je croise les filles, je leur fais part de mon envie culinaire. Elles repartent illico en ville essayer de me trouver le met tant recherché. Bingo, elles me redoublent, avec la Mousseline tant désirée. J’suis comme un dingue, vite ma purée ! A Villard Loubière je m’envoie une grande plâtrée de purée jambon. Je suis soulagé, enfin quelque chose de consistant dans le bide. Je retrouve enfin de la motivation et surtout de l’énergie. 

Villard-Loubière – Le Désert

Col de la Vaurze, gloups, celui là il me fait peur, c’est le crux du tour. Une montée interminable, avec ses traversées expos et ses baratasses dans les vernes, et surtout une descente très exigeantes qui va laisser des traces. Jérôme m’accompagne pour cette deuxième nuit, au vue de ma fatigue et des passages qui m’attendent, c’est loin d’être du luxe. Puis je suis heureux de pourvoir partager ce moment avec lui. Après 1h30 de montée, nous arrivons au refuge des Souffles, nous allumons nos frontales, les randonneurs au refuge nous observe perplexes. La lune et les nuages jouent entre ombre et lumière. Je m’arrête plusieurs fois dans la montée pour récupérer, il fait vite froid. Les derniers mètres sous le col sont difficiles, je souffle fort, l’hypo est pas loin. Je ne m’arrête pas au col, j’attaque directement la descente. Elle est assez raide et glissante, j’adore. Arrivée au pied de ce premier tronçon, je m’éclate comme une grosse loutre, heureusement pas de casse, juste deux petits bobos, c’est reparti, là commence la partie casse coui…, des blocs et pleins de relances Je peste tout du long, ca change (merci à Jéjé d’avoir supporté ça). J’ai les jambes carbonisées. Arrivée au Désert je me jette sur la purée, rapidement j’ai froid, on me met un duvet sur les épaules, mes yeux se ferment. J’ai plus envie de repartir. Ultime effort j’essaye même de m’étirer avant de repartir.

Désert - Valsenestre - Col de la Muzelle - Col du vallon

Le col de Côte-Belle, une formalité, il est avalé en moins de 1h30, la descente je la connais bien, un début expo où il faut rester vigilant, puis ensuite ça déroule bien. En bas, la table et les chaises sont bien là mais personne autour, tout le monde dort, ca commence à être dur pour l’assistance aussi. Une fois réveillé, Jeff s’applique à me faire une bonne purée minute. Je décide de ne pas trop trainer, car mon avance diminue et je ne veux pas trop me refroidir. Même si je suis dans les temps, je sens bien que je suis dans le dur et que ma vitesse va tomber vertigeusement. Direction le col de la Muzelle, dernière difficulté, ensuite c’est gagné, Vince nous rejoint pour cette étape. La fatigue commence vraiment à se faire sentir, je m’accroche pour rester éveillé. J’ai les yeux qui clignotent, et j’ai envie de m’arrêter. Les chaussures de Vince m’hypnotisent, je prends de la distance pour éviter de m’endormir. Les 300 derniers mètres du Col de la Muzelle, un mur, je suis à 4 pattes. Je galère, plus d’équilibre, je n’arrive pas me concentrer. Heureusement, au col, l’arrivé du soleil me sort de ma torpeur. La descente vers le lac est vrai plaisir, je suis aux anges, je sais que c’est gagné maintenant…premières larmes. Maintenant y’a plus qu’à dérouler. Le sentier longe le lac, seuls les ânes et les chevaux sont réveillés, les tentes de randonneurs et le refuge dorment encore. Direction le col du vallon, avec un passage dans de gros blocs qui me font bien mal là où ca fait mal. Je suis en mode survie depuis la Muzelle, cerveau débranché, je marche comme un robot. A l’approche d’un troupeau de moutons qui squattent le sentier, un Patou, vient nous faire fête, surréaliste, il a pitié de moi ? Nous nous déplaçons au milieu du troupeau qui bêle et s’agglutine sur le sentier. Je commence à être bien attaqué, mon genou droit commence à me faire bien mal. 

Col du Vallon – Bourg d’Oisans 

Ouf s’en est fini, 14éme et dernier col ! Au loin je vois Bourg d’Oisans. J’ai plus de jambes, plus le courage de m’étirer et ni celui d’accepter la douleur. Je descends prudemment j’ai peur de laisser trop de cartouches et de ne plus avoir assez de force pour finir les 10 kilomètres de plat pour rejoindre Bourg d’Oisans. Le début de la descente se passe assez bien, mais rapidement mes jambes redeviennent douloureuses. Je m’impatiente. Soulagement quand j’arrive au bord du lac du Lauvitel, avec sa pelouse bucolique. Mais rapidement la descente vers les Gauchoirs et ses pavés traumatisants, me ramènent à la dure réalité de mon état physique, déchenillé ! Je continue de maudire ses pavés hostiles, qui me chahutent. Je sais que ne ce n’est pas bien de râler mais ca me fait du bien. Enfin les Gauchoirs, dernier ravitos, désormais je n’ai plus d’avance sur mes prévisions, je m’assieds quelques minutes, je me mets en monde short et prends le minimum d’eau. Je veux être le plus léger possible pour finir. En repartant, les douleurs aux jambes semblent  avoir  miraculeusement disparu. J’ai l’impression de courir comme un kenyan, je vole. En réalité je suis scotché au sol, je ressemble plus à un Playmobile qu’à un marathonien, mais j’y crois. Je suis sur mon nuage, je repense au chemin parcouru depuis vendredi. Maintenant je dois ressembler à un sanglier sale et mal odorant, mais rien ne plus m’arrêter. Il fait grand beau, le soleil commence à chauffer. La piste est très roulante, j’essaye de tout faire en courant même dans les faux plats montant. Je regarde ma montre toutes les minutes. Je cherche la ville au loin, quand enfin je distingue le panneau de Bourg d’Oisans, j’ai la gorge serrée, je m’arrache pour les derniers mètres. Après une petite erreur d’orientation, je traverse les rues de la ville. Je pleure, je déboule dans la rue centrale. L’équipe est assise en terrasse, elle saute sur la route surprise de me voir arrivée si tôt, je m’arrête, là où j’ai commencé vendredi, il y a 37heures et 35 minutes exactement. J’embrasse tout le monde, j’essaye de cacher mon émotion. C’est grâce à eux que j’ai pu finir, mes anges gardiens qui m’ont accompagné et soutenu tout le long. Sans eux rien n’aurait été possible. Ils m’ont apporté tout le réconfort dont j’avais besoins. Ils étaient aux petits soins avec moi mais surtout ils ont été une formidable source de motivation. Ils ont supportés mes plaintes et ont répondu à tous mes caprices. Ce tour, c’est avant tout le leur, ils ont passé autant de temps que moi dehors dans le froid et pour certains même à courir plusieurs heures avec moi. Merci les amis...



Avec le recul et un soupçon d'analyse, il est clair que j’ai géré ma course comme un débutant. Un, je suis parti trop vite, deux je me suis alimenté comme pour un 10 km, une vraie quiche. Cela aurait vraiment pu compromettre le projet, heureusement la tête était là ! D’ordinaire j’ai tendance à dire que la réussite d’un ultra tient pour 50% au physique et pour 50% au mental. Là pour le coup c’était du 100% à la tronche, parce que physiquement restait plus grand chose. Maintenant j’espère sincèrement que d’autres coureurs se lanceront sur ce tour magnifique. C’est un gros morceau, long et exigeant, mais la beauté du voyage est à la hauteur de la difficulté. De plus, le chrono réalisé laisse de la marge, moins de 35h est une base largement envisageable pour une prochaine tentative. 


Mille merci à :

  • Mon staff : Anne.C, Capucine, Séverine, Jeff, Jérôme, Seb de Bezac, Vincent, Isa
  • Accompagnants : Benoît Laval et Loïc Blondeau 
  • Nutritionniste : Seb du Sud Ouest 
  • Préparateur mental : Tom. 
  • Webmaster : Mon Père 
  • Attaché de Presse : Stéphane de la Maison Colombier 

  • Et : Oliv, David, Mich, Communauté UFO, et tous ceux qui m’ont encouragé de prés ou de loin… 


Aout 2007 à peine quelques semaines après ma tentative, Sébastien Louvet http://denivorair.free.fr qui n’est pas un rigolo en terme de défis de malade mental ( Traversée de Alpes en surf, Traversée de l'arc Alpin-Corse-Pyrénées en courant avec son chien Stup, sans assistance, sans money, une légende, j'en passe et des meilleurs !) un gars plein de ressources! Il s’est  donc lancé dans l'aventure avec assistance minimale et en partant de Monétier. Il a bien géré son effort, mais malheureusement après 35h d’effort, il est obligé d’abandonner au col de Sarenne terrassé pas la fatigue. La stratégie de partir de Monétier ne semble pas la plus payante, terminer par les parties les plus roulantes à fin, lorsque l’on ne peut plus courir, à étudier? 

3 commentaires:

  1. Et ben ça m'a pas l'air si facile que ça ce tour de l'oisans ;) Pas du luxe donc l'idée du Pacer sur la dernière grosse section !

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  2. Après L'aup Martin, c'est loin d'être l'arrivée. Je dirais même que les choses sérieuses commencent. En tout cas, en te lisant, je me suis lancé dans le tour en rando autonome ! C'était magnifique !

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  3. Hello guillaume... j'ai un petit projet d'ultra traversée de belledonne, j'ai comme l'impression que ca va te botter.
    C'est quoi ton email?

    Florent, ton fan et ton sauveur sur le marathour raidlight 2011
    florent.hubert@bioparhom.com

    Apeluch

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